1978
Répétition de la première lecture.
Et première lecture à la table. Est-ce que tout cela (l’assemblage des textes, «la partition») tient la route ? Comment éviter l’inévitable agencement thématique ? Travailler sur le fragment. Briser le discours. Parce que l’incohérence est préférable à l’ordre qui déforme.(Gide)
Ce qui me frappe : pour le dire vite, la mélancolie de Barthes. Ce que nous vivons, et ce que l’on a vécu, semblent toujours être moins de la moitié de ce qui nous reste à vivre, avec finalement le sentiment d’une forme d’éternité. Quand le sablier s’inverse-t-il ? Comment, au moment où je parle, connaîtrais-je la durée totale de mon existence, au point de pouvoir la diviser en deux parties égales ? Le milieu du chemin de la vie, où c’est la dernière partie qui commence, une fin de partie, la partie de la fin. La mélancolie commence peut-être là, dans l’incertitude du décompte, avec la certitude de sa fin. Quelles sont les forces réelles que mon âge implique et veut mobiliser ? Telle est la question, surgie récemment, qui, me semble-t-il, a fait du moment présent le «milieu du chemin de ma vie». Ci va di mezzo la vità…
Pourquoi aujourd’hui ?
Nicolas Bigards
Leçon
Et pourtant, si le pouvoir était pluriel, comme les démons ? (III 802) Comment oser parler, dans le cadre d’une institution, si libre soit-elle, d’un enseignement fantasmatique ? Cependant, si l’on considère un instant la plus sûre des sciences humaines, à savoir l’Histoire, comment ne pas reconnaître qu’elle a un rapport continu avec le fantasme ? (III 814)
Textes
Par périodes, j’aime bien… mais ici la difficulté commence : faire quoi du dessin ? de la peinture, du graphisme ? (III 821) Pourquoi n’il y a-t-il pas aujourd’hui (du moins me semble-t-il), pourquoi il n’y a-t-il plus un art de la persuasion - ou de l’imagination - intellectuelle ? Pourquoi sommes-nous si lourds, si indifférents à mobiliser le récit, l’image ? Ne voyons-nous pas que ce sont tout de même les œuvres de fiction, si médiocres soient-elles artistiquement (Soljenitsyne), qui ébranlent le mieux le sentiment politique ? (III 822) Comment écrire sans ego ? Voltaire moins désespéré, Rousseau plus heureux que nous ? (III 823) Le grand matériau de l’art moderne, de l’art quotidien, n’est-il pas aujourd’hui la lumière ? (III 824) Qu’est-il, ce bon sommeil (de l’enfance) ? Que fait-il, ce sommeil (ou ce demi-réveil) ? (III 829) Comment, au moment où je parle, connaîtrais-je la durée totale de mon existence, au point de pouvoir la diviser en deux parties égales ? Quelles sont les forces réelles que mon âge implique et veut mobiliser ? Pourquoi aujourd’hui ? (III 832) Quand j’aurai fini ce texte, cette conférence, je n’aurai rien d’autre à faire qu’à en recommencer un autre, une autre ? (III 833) Quel Lucifer a créé en même temps l’amour et la mort ? Ce que je puis dire, ce que je ne peux faire autrement que de dire, c’est que ce sentiment qui doit animer l’œuvre est du côté de l’amour : quoi ? La bonté, La générosité ? La charité ? (III 834) Je lis un peu partout que c’est une sensibilité très «moderne» que de «cacher sa tendresse» (sous des jeux d’écriture) ; mais pourquoi ? Serait-elle plus «vraie», aurait-elle plus de valeur parce qu’on se guinde à la cacher ? Est-ce que tout cela veut dire que je vais écrire un roman ? «Comme si» : cette formule n’est-elle pas l’expression même d’une démarche scientifique, comme on le voit en mathématiques ? (III 835) Peut-être est-ce finalement au cœur de cette subjectivité, de cette intimité même dont je vous ai entretenus, peut-être est-ce à la «cime de mon particulier» que je suis scientifique sans le savoir, tourné confusément vers cette Scienza Nova dont parlait Vico : ne devra-t-elle pas exprimer à la fois la brillance et la souffrance du monde : ce qui, en lui, me séduit et m’indigne ? (III 836) Quoi de plus troublant qu’un air qui continue et dément la loi de l’expression, c’est-à-dire de la correspondance de l’intérieur et de l’extérieur, de la cause et de l’effet ? (III 837) Qui veut les âges ? (III 844) Pourquoi certains pratiquent-ils la perversion de l’écriture, comment trouvent-ils une rentabilité de jouissance dans la pratique de l’écriture ? En quoi consistera-t-elle ? (III 853) Pourrait-il y avoir une écriture de la peur ? (III 870) Je retrouve ici le même affolement que me donne la Bêtise ; est-ce moi ? Est-ce l’autre ? Est-ce l’autre qui est illisible (ou bête) ? Est-ce moi qui suis borné, inhabile, est-ce moi qui ne comprends pas ? (III 871) Erotisme de la Phrase «lisible» ? Comment un corps peut-il coller à une idée - ou une idée à un corps ? Comment supporter, limiter, éloigner les pouvoir de langage ? Comment fuir les «fantasmes» (les «racismes» de langage) ? (III 872) Comment une image de moi «prend»-elle au point que j’en sois blessé ? (III 873) Qu’est-ce qu’un «bon» colloque ? (III 877) Comment puis-je me permettre d’entretenir les auditeurs d’un Colloque, dont le thème est très général, de ce qui n’est peut-être qu’un goût très personnel, le goût d’un chanteur disparu de la scène musicale depuis vingt-cinq ans au moins, mort l’année dernière et sans doute, par là même, ignoré de la plupart d’entre vous ? (III 880) Qu’est-ce donc que la musique ? (III 884) Est-ce qu’il y a encore une «critique» ? (III 895) Comment limiter la violence, autrement que par une autre violence ? (III 903) Peut-on être contre la violence seulement en partie, c’est-à-dire seulement sous condition, en reconnaissant des exceptions ? Peut-on monnayer la non violence ? Peut-on entrer dans une appréciation des contenus de la violence, de ses justifications ? (III 904) (Schubert) N’est-ce pas vraiment le musicien qui est fait par excellence pour une approche intimiste, celle des amateurs ? N’est-il pas aussi comme cela qu’il a souvent écrit dans un milieu musical où il n’y avait pas de distinction tranchée entre ceux qui écoutaient et ceux qui jouaient ? (III 906) Pouvons-nous vraiment, nous Occidentaux, consommer un morceau de civilisation entièrement isolé de son contexte ? (III 911) Peut-on faire un travail d’analyse structurale sur les Evangiles ? (III 922)
March 13th, 2007 at 11:44 am
1_Ne voyons-nous pas que ce sont les oeuvres de fiction…?
Sur ma page de discussion Bigor me demande « Peut-tu expliquer, en page de discussion de l’article, l’intérêt de ton ajout sur l’article Alexandre Soljenitsyne. », sur ce Epsilon0 en profite pour également me laisser un message « Même chose que Bigor, je vois que vous avez mis aussi une citation de Barthes sur la page de Marx. Comprennez que dans le cadre succinct d’un article encyclopédique on ne peut faire des références à toute personne, fût-elle célèbre comme Barthes, ayant écrit sur une autre. Vos citations auraient sans doute plus de place dans le projet frère de wikipédia qui est consacré aux citations: Wikiquote que vous trouvez ici :[1], cordialement –Epsilon0 » 7 février 2007 à 21:49 (CET)
Stephaniecleau
Membre depuis 2007