1976
Tuesday, January 30th, 2007Qu’est-ce qu’il y a de Désir dans la lecture ? Y a-t-il des plaisirs différents de lecture ? Y a-t-il une typologie possible de ces plaisirs ?
Toujours la tentation de faire partager un plaisir intime de lecture, mais ce plaisir est d’ordre surtout intellectuel. Il faut le sortir de ce régime-là pour en trouver un de l’ordre du sensible, d’une ellipse dramatique. Comment transposer le temps de la lecture silencieuse et solitaire qui suit le cours singulier d’une pensée au temps de l’écoute partagée qui se distribue selon des attentions différentes ? Donner à entendre Barthes sur cette scène, ce serait donner à voir en mouvement sa pensée. Trouver dans la phrase la charge érotique de la question. Créer une dérive chez le spectateur.
Nicolas Bigards
Textes
Ne dirait-on pas que dans ces efflorescences le sujet cherche sa liberté : de tracer, de rêver, de se souvenir, d’entendre ? Ne nous arrive-t-il pas de rencontrer des fautes d’orthographe particulièrement «heureuses», comme si le scripteur écrivait alors sous la dictée non de la loi scolaire, mais d’un commandement mystérieux qui lui vient de sa propre histoire - peut-être même de son corps ? (III 375) Réformer l’orthographe ? (III 376) Qu’est-ce que lire ? Comment lire ? Pourquoi lire ? (III 377) On ne sait où arrêter la profondeur et la dispersion de la lecture : à la saisie d’un sens ? Quel sens ? Dénoté ? Connoté ? Combien d’hommes sont morts pour un sens ? (III 378) Pourquoi les Français d’aujourd’hui ne désirent-ils pas lire ? Pourquoi, paraît-il, cinquante pour cent d’entre eux ne lisent-ils pas ? (III 379) Qui sait si certaines choses ne se transforment pas, qui sait si certaines choses importantes n’arrivent pas (dans le travail, dans l’histoire du sujet historique) non pas seulement par l’effet des lectures, mais par celui des oublis de lecture : par ce que l’on pourrait appeler les désinvoltures du lire ? (III 380) Qu’est-ce qu’il y a de Désir dans la lecture ? (III 381) Y a-t-il des plaisirs différents de lecture ? Y a-t-il une typologie possible de ces plaisirs ? Il faudrait au reste interroger, à l’inverse, les blocages, les dégoûts de lecture : pourquoi ne continuons-nous pas un livre ? Pourquoi Bouvard, décidant de s’intéresser à la Philosophie de l’Histoire, ne peut-il «achever le célèbre Discours de Bossuet» ? Est-ce la faute de Bouvard ou de Bossuet ? Y a-t-il des mécanismes universels d’attrait ? Y a-t-il une logique érotique de la Narration ? (III 382) Ce plaisir de production est-il élitiste, réservé aux seuls écrivains virtuels ? (III 383) Quelle puissance aurait une œuvre qui écrirait, sur le modèle de la science-fiction, l’utopie générale du Désir ? Qui représenterait réellement un monde où jouir serait possible, et voir mourir impossible ? Où la communauté humaine aurait assez de subtilité et de puissance sur elle-même, et non plus sur la Nature (vieille lanterne), pour faire de la vie intersubjective une trame de «fêtes», et non plus de «scènes» ? (III 386) Le libertin écrit sous la dictée du fantasme ? Il est significatif que ce que la critique moderne (allant sans doute au plus urgent) refoule parfois en Sade, ce soit précisément l’écriture : quoi refouler d’autre ? (III 389) Et pourtant, si tout de même… ? Si tout de même, au plan des affects, il y avait du Sade dans la fascisme (chose banale), et, bien plus, s’il y avait du fascisme dans Sade ? (III 392) Le geste du graveur n’est-il pas en fait le geste même du scripteur ? (III 394) Qui est-ce ? Où ai-je vu cette face, cette dégaine ? Humoriste ? (III 395) Comment une image peut-elle donner des idées ? (III 398) Quoi - ou plutôt qui ? (III 399) Au sens propre, qu’est-ce qu’un «cartoon» ? (III 402) Qu’est-ce qu’une collection, un défilé ? (III 407) Et d’ailleurs qui peut détruire la culture ? (III 411) De quoi est-ce que je me souviens ? Quelle est l’idée générale que j’ai de cette œuvre (de Steinberg)? (III 415) L’écriture n’a-t-elle donc plus d’histoire ? N’avons-nous plus rien à en dire ? (III 423) Mais pourquoi ne chercherions-nous pas - utopiquement - à disposer, selon nos besoins et nos désirs, de deux langues, l’une actuelle et l’autre… autre, comme le voulait Dante, qui naviguait avec beaucoup de jouissance entre le latin et le toscan ? (III 438)